Il appose sa signature sur le chèque. Une fois de plus il paie. Il a parfois le sentiment de traverser la vie en payant. Un restaurant ici, un plein d’essence là, les factures bien sûr, les cadeaux, le train, le métro, le pain. Chaque fois qu’il paie ou presque, il a ce sentiment de perte. Sauf quand il achète un objet ou une place de concert pour une personne qu’il aime. Ou quand il a le sentiment de faire une bonne affaire. Il n’est pas radin, pourtant. Ni même très économe. Il sent que cet attachement à l’argent n’embellit pas sa vie. Il en a honte mais n’a pas trouvé le moyen de s’en débarrasser. « Moyen » : c’est peut-être le mot qu’il cherchait ? S’il pouvait se rappeler chaque jour que l’argent n’est qu’un moyen ? Et avoir suffisamment foi en l’univers pour croire que le jour où il en aura besoin, l’argent coulera vers lui.